Fiabilité de ChatGPT pour fournir des informations : Vérité ou Mensonge ?

Une question posée à ChatGPT, une réponse instantanée, et parfois, une erreur qui coûte cher. Derrière la facilité déconcertante de l’IA, un piège invisible se referme : la confiance tranquille avec laquelle nous gobons ses affirmations. Faut-il s’étonner qu’un étudiant, sûr de lui après avoir copié une explication sur la Seconde Guerre mondiale, se retrouve face à un zéro sec ? ChatGPT a parlé — mais la vérité s’est éclipsée. Le vrai coupable n’est pas toujours la machine : c’est aussi notre tentation de prendre pour argent comptant la parole des algorithmes.

ChatGPT face à la quête de vérité : entre prouesses et limites

Le vernis high-tech ne suffit pas à masquer les failles de l’intelligence artificielle générative. ChatGPT, le fleuron d’OpenAI, carbure grâce à des modèles de langage géants comme GPT-3.5 ou GPT-4, nourris jusqu’à l’indigestion par des montagnes de textes trouvés sur le web. Ces LLM (large language models) excellent à tisser des phrases élégantes — mais leur rapport aux faits tient parfois du funambule sans filet. Face à ces mastodontes propriétaires, des alternatives européennes émergent : Bloom, orchestré par HuggingFace, ou les projets menés par le CNRS et le ministère de la recherche, misent sur l’ouverture et la transparence. Pourtant, la question persiste, implacable : comment trier l’information solide du simple enchaînement de mots plausibles ?

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ChatGPT, tout comme GPT-Chan ou BigScience, n’a rien d’infaillible. Plusieurs faiblesses sautent aux yeux :

  • Restitution d’erreurs : ChatGPT peut livrer des réponses fausses, sans jamais afficher le moindre doute.
  • Opacité des sources : impossible de savoir précisément d’où provient chaque affirmation.
  • Biais du corpus : le modèle assimile aussi bien les vérités que les stéréotypes ou les erreurs glanées durant son entraînement.

La société confond trop souvent vitesse et exactitude. À mesure qu’on s’en remet à ChatGPT pour toute recherche d’information, notre rapport au savoir se transforme. Les résultats séduisent par leur clarté, mais le devoir de vérification reste entier — et il incombe à l’utilisateur. Les modèles de langage imposent une vigilance renouvelée : la prouesse technique ne remplace jamais le doute salutaire.

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Peut-on vraiment se fier aux réponses générées par l’IA ?

La fiabilité de ChatGPT en matière de fourniture d’informations intrigue autant qu’elle inquiète chercheurs et journalistes spécialisés dans la vérification des faits. Alors que les fake news et la désinformation se propagent à grande vitesse, l’agent conversationnel d’OpenAI séduit par sa simplicité, reléguant parfois les moteurs de recherche classiques au second plan. Mais un doute persiste : ChatGPT mérite-t-il le statut de source fiable ?

Contrairement à Google ou Perplexity, l’outil ne mentionne pas systématiquement ses sources. Wikipédia, jadis vilipendée pour son manque de rigueur, offre aujourd’hui une transparence que l’IA peine à égaler. D’autres acteurs, comme Bard ou Ernie Bot, intègrent des dispositifs de vérification, mais la frontière entre synthèse automatique et vérité demeure incertaine. Le Tow Center for Digital Journalism alerte sur l’absence de véritables garde-fous dans l’univers des agents conversationnels. Elon Musk promet, avec TruthGPT, une IA « attachée à la vérité », mais la démonstration reste à faire. Les journalistes spécialisés, quant à eux, multiplient les initiatives pour encourager une utilisation raisonnée de ces technologies.

  • La vérification des faits reste le passage obligé : il faut systématiquement croiser les réponses de ChatGPT avec d’autres références indiscutables.
  • Confondre rapidité et fiabilité expose à des fausses informations parfaitement rédigées, mais erronées.

Se servir de ChatGPT comme moteur de recherche requiert un nouvel apprentissage : aiguiser son esprit critique, refuser la posture passive et remettre une dose de doute dans chaque consultation numérique.

Exemples concrets : quand ChatGPT se trompe… ou surprend

Des réponses parfois déconcertantes

Dans le vaste terrain de jeu de l’intelligence artificielle générative, ChatGPT sait briller — et déraper. Sur des sujets sensibles, tels que les attentats du World Trade Center ou les procédures judiciaires impliquant Donald Trump, l’outil a déjà généré des fausses informations, comme l’a révélé la MIT Tech Review. Exemple : à la question « Qui a fondé Infowars ? », la machine attribue parfois le site à des personnages inventés, mêlant faits avérés et rumeurs dans un même souffle.

Quand la machine fabrique des erreurs

  • Sommé de s’exprimer sur la tuerie de Sandy Hook, ChatGPT a déjà prêté de fausses citations à Alex Jones, absentes de toute source sérieuse.
  • Sur des sujets comme Dominion ou des procès en cours, l’IA a repris des fragments de fake news circulant sur les réseaux sociaux.

Mais aussi, des réponses inattendues et précises

Parfois, ChatGPT surprend en exhumant des faits tombés dans l’oubli. Interrogé sur la présidence de Barack Obama, il restitue des mesures peu médiatisées, s’appuyant sur des rapports du CNRS ou des publications du ministère de la recherche. Cette capacité à synthétiser l’insoupçonné contraste avec la fragilité de certaines affirmations. Le Tow Center et CNEWS rappellent que la ligne entre information et fiction reste mince dans les réponses de l’IA. Même face à ses performances, la vigilance reste de mise.

intelligence artificielle

Conseils pratiques pour vérifier l’exactitude des informations obtenues

Affûtez l’esprit critique

Face à la déferlante de réponses générées par l’intelligence artificielle, l’éducation à la vérification des faits devient un enjeu central. Impossible de déléguer toute sa vigilance à la technologie. Interrogez systématiquement les sources mentionnées par ChatGPT, surtout lorsqu’il s’agit de sujets sensibles ou d’actualité brûlante.

  • Recoupez les données : confrontez les réponses de ChatGPT à celles glanées sur des moteurs de recherche comme Google ou dans des encyclopédies collaboratives types Wikipedia.
  • Exigez la traçabilité : sollicitez systématiquement les références de ChatGPT. Une information sans source claire doit susciter la méfiance.

Maîtrisez les outils de vérification

Les journalistes spécialisés dans la vérification s’appuient sur des plateformes dédiées (Perplexity, Bard, TruthGPT) pour comparer rapidement les affirmations. Apprendre à manier ces outils, c’est ajouter une dose de rigueur dans l’analyse des réponses livrées par l’IA.

Outil Fonction
Perplexity Analyse et synthèse de sources multiples
Bard Recherche conversationnelle enrichie par Google
TruthGPT Orientation vers des sources vérifiées

Sensibilisez et formez votre entourage

La sensibilisation des enfants, des éditeurs et des nouveaux venus reste une priorité. Enseigner les réflexes de vérification, s’inspirer des travaux de Richard Thaler sur le nudge pour instaurer une culture du doute raisonné : voilà le vrai défi. Chacun, pas seulement les spécialistes, porte sa part de responsabilité.

Face à la tentation du copier-coller automatique, une certitude s’impose : seul l’esprit alerte trace la frontière entre vérité numérique et mirage sophistiqué. La vigilance, plus que jamais, reste notre meilleur allié face à la machine.

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