Numérique : bon ou mauvais ? Les impacts sur la société en 2025

Femme d affaires en bureau moderne avec ordinateur et smartphone

4 % : c’est le poids du numérique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2023, un chiffre qui dépasse désormais celui de l’aviation civile. Sous nos yeux, chaque heure, s’échangent des millions de mails, s’empilent des vidéos sur les plateformes, pendant que les serveurs engloutissent de l’énergie pour tourner à plein régime.

La multiplication des équipements connectés accentue la pression sur les ressources naturelles et fait grimper la production de déchets électroniques à des niveaux inédits. Pourtant, des signaux positifs apparaissent : des acteurs s’organisent pour inverser la tendance et mettre en avant des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

Le numérique, un progrès qui pèse sur l’environnement

La croissance du secteur du numérique ne ralentit pas : +4,1 % en 2024, et une hausse attendue de 1,8 % en 2025. Cette accélération, soutenue par la transformation numérique, plébiscitée par 61 % des entreprises, s’accompagne d’une série de défis majeurs pour l’environnement. Les efforts pour rendre le numérique plus vert rencontrent deux murs : la résistance au changement (49 %) et le coût des investissements de départ (45 %), qui freinent l’adoption de solutions plus sobres.

L’innovation avance à marche forcée, mais l’empreinte écologique du secteur s’alourdit chaque année. Les centres de données absorbent désormais 506 TWh par an, soit la consommation énergétique de tout un pays comme l’Allemagne. Quant aux smartphones et objets connectés, ils concentrent 50 % des impacts environnementaux du numérique. À cela s’ajoutent le réseau (23 %) et les data centers (21 %), qui alimentent une pollution numérique aussi massive que silencieuse.

Face à ce constat, la transition écologique du numérique s’impose comme un véritable enjeu, autant industriel que politique. L’ADEME pousse à un développement davantage responsable, alors que le plan France 2030 aiguillonne les offres éco-conçues et sobres. Quant à la loi REEN, elle incite entreprises et collectivités à repenser leurs usages dans une logique de réduction de l’empreinte environnementale.

Crise économique et incertitudes politiques poussent à la prudence, mais elles ne doivent pas occulter la réalité : le secteur numérique doit se transformer pour conjuguer compétitivité et respect des limites planétaires.

Quels sont les véritables impacts écologiques du numérique en 2025 ?

L’empreinte carbone du numérique s’accroît à un rythme impressionnant. En France, les émissions sont passées de 17 à 29,5 MtCO2e en deux ans. À l’échelle mondiale, le secteur pèse désormais 4 % des émissions de carbone, soit 27 % du budget planétaire soutenable. Cette inflation concerne aussi la consommation de ressources : 18,7 % du budget minéral mondial, 15,3 % pour les particules fines.

La moitié de l’impact environnemental du numérique vient des appareils eux-mêmes. Smartphones, objets connectés : innovations d’un côté, extraction intensive de métaux rares de l’autre. La Chine détient d’ailleurs la mainmise sur certains matériaux essentiels, ce qui renforce la dépendance industrielle et les tensions géopolitiques.

L’infrastructure du numérique, souvent invisible, repose sur des data centers et un réseau énergivores. Les centres de données consomment à eux seuls autant que tout un pays, le réseau représentant à lui seul près d’un quart des impacts du secteur. L’essor fulgurant de l’IA générative accentue encore ce phénomène. L’Agence internationale de l’énergie prévoit une hausse de 75 % de la consommation électrique des data centers d’ici 2026. Déjà, l’IA pèse entre 1 et 5 % des impacts mondiaux du numérique et 4 % des gaz à effet de serre du secteur.

Pour saisir les ordres de grandeur, voici les principaux postes d’impact du numérique :

  • Smartphones et objets connectés : 50 % de l’impact
  • Réseau : 23 %
  • Data centers : 21 %

Le télétravail n’est pas en reste : il génère des effets rebonds qui atténuent les économies d’énergie attendues. Face à ces besoins croissants, Google investit dans les Small Modular Reactors et Microsoft rallume la centrale nucléaire de Three Mile Island pour sécuriser l’alimentation de ses data centers. Chaque avancée technologique pose une nouvelle équation pour la planète.

Numérique responsable : enjeux et solutions concrètes pour réduire son empreinte

Le numérique responsable, tout le monde en parle, mais le passage à l’acte se fait attendre. Le Green IT reste à la marge dans les stratégies des entreprises. Seules 34 % des directions financières ou informatiques sont prêtes à investir plus pour des solutions numériques écologiques, un chiffre en recul par rapport à l’an dernier. La sobriété numérique, souvent mise en avant, doit beaucoup plus à la pression sur les budgets qu’à une réelle volonté environnementale.

Allonger la durée de vie des équipements devient un enjeu central. Trois décideurs sur quatre en sont convaincus : il vaut mieux prolonger l’utilisation d’ordinateurs, smartphones ou serveurs que de les remplacer systématiquement. L’écoconception fait son apparition dans les cahiers des charges, encourageant des appareils et services numériques plus réparables, moins gourmands en énergie. Les fabricants sont de plus en plus interpellés sur l’obsolescence programmée, ce mécanisme qui écourte la vie des produits.

Concrètement, plusieurs leviers peuvent être activés pour limiter l’impact du numérique :

  • Allonger la durée de vie des appareils
  • Optimiser les usages numériques
  • Favoriser le recyclage D3E pour diminuer la pression sur les ressources naturelles

La loi REEN marque une étape : elle impose une réduction de l’empreinte environnementale du numérique et renforce la responsabilité des opérateurs et des collectivités. Le plan France 2030 encourage l’innovation en faveur de solutions éco-responsables, pendant que l’ADEME invite à revoir la chaîne de valeur. Entre cadres réglementaires, contraintes économiques et attentes citoyennes, le numérique responsable prend forme, pas à pas, au cœur des modèles actuels.

Adolescent détendu sur un canapé avec tablette à la maison

Ressources et outils pour adopter un usage numérique plus durable au quotidien

Face à la montée des émissions et à la pression sur les ressources, agir pour une sobriété numérique suppose de s’équiper de bons outils. L’ADEME, référence dans l’analyse du cycle de vie des équipements, propose des grilles d’auto-évaluation pour estimer l’empreinte de ses usages numériques. Grâce à ces outils, il devient possible de mesurer l’impact concret des appareils, des services, des infrastructures, et d’identifier les points d’amélioration immédiats.

Des référentiels pour structurer la démarche

L’AFNOR met à disposition des normes et labels adaptés aux organisations désireuses de s’engager sur la voie du numérique responsable. Ces référentiels encadrent l’écoconception des services et la gestion durable des équipements. Le secteur public n’est pas en reste : boosté par France 2030, il teste la fresque du numérique et s’appuie sur des guides pratiques pour sensibiliser agents et élus, notamment dans les collectivités et administrations.

Voici quelques gestes concrets à adopter pour réduire l’empreinte de ses usages numériques :

  • Prolongez la vie de vos équipements en les réparant, les mettant à jour, ou en les réutilisant.
  • Privilégiez le matériel reconditionné et le recyclage D3E.
  • Adoptez des pratiques sobres : limitez les vidéos en streaming, désactivez les services superflus, gérez vos mails et votre stockage cloud avec rigueur.

Du côté des entreprises, le constat est sans appel : le manque de compétences numériques freine la transition, 63 % des dirigeants le mentionnent. Si l’offre de formation évolue, le retard reste réel. Autre frein : l’évaluation de l’empreinte environnementale des IA génératives demeure partielle, faute de données fiables et de méthodologies standards. Malgré tout, les outils existent, et la réglementation pousse : la loi REEN impose d’intégrer le bilan carbone à la stratégie numérique.

La transformation s’accélère dans les grandes structures, mais le secteur reste confronté à une pénurie d’alternants et de jeunes diplômés, 36 % des entreprises prévoyant même de réduire ces embauches. La montée en compétences et l’accès élargi aux ressources restent des conditions clés pour réussir la bascule vers un numérique plus durable. Alors, la société numérique de 2025 sera-t-elle capable de réinventer ses usages avant que la planète ne lui présente l’addition ?

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